Que se passe-t-il devant la gare durant la nuit ?

Que se passe-t-il devant la gare durant la nuit ?
Article du "Jour" de ce 25 juillet écrit dans un style très politiquement correct.
Seuls les mots "palabre" et "injures multilingues" peuvent très prudemment laisser penser que ces faits proviennent de l'occupation des lieux par des désœuvrés d'origine étrangère...

VERVIERS : TROU DE LA GARE, QUEL BROUHAHA NOCTURNE!
Tout dépend du climat. Par temps de pluie, c'est calme et serein. Si la nuit est étoilée, le trou de la gare verviétois explose en décibels.

Objectivement, personne ne peut applaudir l'environnement de la gare de Verviers. Bien sûr, le bâtiment de 1930 ne manque pas de puissance et témoigne de la richesse défunte du Manchester textile belge. Applaudissons quand même la fontaine du giratoire et tirons un trait. Côté rue d'Ensival, l'entrée pédestre de l'Outlet impose le monument urbain Decaux qui, en principe, devrait débiter de l'eau potable sur simple pression sur un bouton mais qui, toujours, ne marche pas et sert de poubelle urbaine. Moches aussi les armoires de Belgacom à front de rue et les tuyaux perdus qui sortent de terre en attendant une hypothétique fin de chantier.

On pourrait en dire davantage encore et, par exemple, regretter la multiplication des chambres et appartements loués à prix d'or pour un confort précaire dans les anciennes rues bourgeoises du Palais, des Minières, Renkin et de Bruxelles. La paupérisation du quartier, et ses marchands de sommeil, laisse une impression brouillonne qui dénature un ensemble habité doté, sur le papier, de multiples qualités puisque proche de la gare, des arrêts de bus du TEC et à deux pas des artères commerçantes du centre, du théâtre et de la piscine.

Insomnies
Mais le trou de la gare et ses environs directs ont un autre défaut saisonnier. Quand la température est clémente et, de manière générale, s'il ne pleut pas, le site de plein air devient le rendez-vous nocturne à la mode, l'endroit où les sorteurs insomniaques se retrouvent pour faire la fête, la palabre et, très souvent, la bagarre.

Ces habitués aiment évidemment faire du bruit. Les riverains subissent donc un brouhaha quasi permanent qui, très souvent, s'arrête avec le lever du jour et l'arrivée des premiers navetteurs du train de 5 heures et des faflutes.

Entre-temps, ils encaissent le concert phonique ponctué de cannettes jetées, de bouteilles brisées, d'injures multilingues et de solos de batterie improvisés avec les poubelles en guise de caisses de résonance.

Tout cela sous des caméras de surveillance. Et pour le plus grand plaisir des commerçants de la nuit de la rue d'Ensival. Un magasin «night» offre l'alcool qui réchauffe et, deux maisons plus haut, une friterie fonctionne à plein rendement jusqu'à 1h30 du matin en semaine et 2h30 le dimanche. Avec des prolongations à coulisses. Pour ne pas déplaire aux gentils noceurs qui se fichent de la tranquillité des Verviétois de la gare comme un poisson d'une pomme.

Mais que fait la police? Elle passe et repasse en combi. Intervenir? Cela ne semble pas être sa mission parce que, dit-on, le tapage nocturne via la voix humaine n'est pas un délit quantifié. Restent donc l'autodéfense, soit les boules Quiès et, dans les cas graves, les somnifères du généraliste.

Voilà pourquoi, dans le quartier de la gare, les riverains aiment le soleil pendant la journée et applaudissent les nuits pluvieuses qui garantissent un sommeil très naturel.

Jean BRASSEUR