Cela se passe près de chez nous !

Alors qu'à Verviers, nous discutons de Vesdre, de centre commercial, de politique et d'attitudes politiciennes, un autre drame se déroule en silence ... du moins jusqu'à aujourd'hui.

Une jeune auteur de 31 ans vit à présent dans la crainte de ses proches, de ses connaissances, des inconnus. La raison ? Elle est sur le point de publier son ouvrage autobiographique. Un livre ou elle raconte sa vie, son enfance.

Dans son témoignage, Karima (nom donné par les journalistes d'Actu24.be à cette jeune femme pour préserver un relatif anonymat) a eu une enfance malheureuse. Battue, obligée de porter le voile dès huit ans, promise à un inconnu en mariage à 12 ans, c'est à force de courage qu'elle a pû s'en sortir aujourd'hui. Visiblement, ce genre de témoignage n'est pas pour plaire à certaines personnes qui insultent et menacent Karima sur le blog de son éditeur.

Ce fait n'est pas sans rappeller le calvaire de Sadia, assasinée par ses proches car elle refusait un mariage forcé et voulait vivre avec son compagnon. Il n'y a pas qu'à Lodelinsart que l'on retrouve ce genre de tragédie. Celle de Karima a lieu dans notre ville, dans nos rues, près de nos maisons !

Il serait temps que le message des autorités de ce pays soit bien clair vis à vis des extrémistes de tout poil (et pas seulement ceux qui sont qualifiés "d'islamistes"): "Chez nous, vous n'aurez jamais raison ! Chez nous, vous serez pourchassés ! Chez nous, vous serez condamnés !". C'est le rôle des autorités, à tous les niveaux, de répéter ce message et de l'appliquer pour que ce genre de témoignage ne devienne pas une banalité dans la rubrique des Faits Divers.

"Insoumise et dévoilée", Editions Azimut, sortie le 10 mars.

Article Actu24.be : Menacée par sa propre famille pour avoir raconté sa vie

En Hollande, on donne aux candidats à l'immigration une cassette montrant tous les aspects de la vie hollandaise qui pourraient les heurter, comme l'homosexualité admise, la drogue, le nudisme etc... Si ça ne leur plaît pas d'élever leur famille dans un tel décor, c'est OK, mais qu'ils ne viennent pas. C'est tout.

Nos règles ne sont pas les leurs, et ils ne peuvent imposer les leurs chez nous. Ce n'est pas une question de qui a raison ou tort, c'est que chaque pays a ses critères et il faut s'y faire si on veut y vivre en harmonie, on n'importe pas son monde avec soi, on le quitte!

Je pense que Karima a eu du courage. Maintenant, pour la famille, c'est dur, je le conçois. Mais entre être fâchés et menacer, il y a un pas qu'ils ne doivent pas se sentir autorisés de franchir. C'est eux qui sont venus en Belgique, qui ont soumis leur fille à une double culture, qui ont pris le risque... J'espère vraiment qu'ils se contenteront de lui tourner le dos le temps qu'il leur faudra!

http://edmee.de.xhavee.over-blog.com

Les choses bougent pour Karima. La police de la zone Vesdre a rencontré la jeune femme et lui a demandé de tout raconter : son enfance, son mariage forcé, les menaces, ...

Le dossier a été transmis au parquet de Verviers en urgence et une enquête est menée avec la participation de l'éditeur. Karima a donné aux policiers des pistes de recherches. De plus, la présence policière dans le quartier sera renforcée et une équipe sera immédiatement dépêchée sur place en cas d'alerte.

Que de bonnes nouvelles! Je suis heureux que l'on commence à aborder des problèmes très graves sans pour autant se voir "coller sur le dos" la mention raciste... C'est bon signe pour la démocratie que nous souhaitons vivre. Karima est courageuse, que tout se passe au mieux pour elle...

Le livre de Karima est bien sorti en librairie le 10 mars.

Dès sa sortie de presse, les parents de Karima entamaient une procédure en référé pour interdire la diffusion du livre. Selon eux, tout ce qui est écrit dans ce livre ne serait que mensonge.

Le 15 mars, le juge Lecarme a confirmé la justesse des faits relatés dans ce livre.

La décision du tribunal des référés sera rendue le 8 mars. D'ici cette date, le livre est toujours en vente.

Je pense que l'action des parents, après les pressions de toute part et les menaces de mort adressées à Karima, n'est qu'une tentative de censure : il n'est jamais plaisant de sortir les cadavres des placards, surtout lorsque l'on désire paraître une personne exemplaire, irréprochable.

Et pourtant, malgré toutes les brimades et la violence qu'a dû supporter Karima, elle lance un cri d'amour à sa famille à la fin de son ouvrage. Voici en particulier ce qu'elle dit à son père :

Citation :

"Merci à toi aussi, très cher père. Tu es quelqu’un de dur. Tu as toujours privilégié le bonheur de ta famille au détriment de celui de tes enfants. Tu nous as énormément fait souffrir, nous avons dû nous construire nous-mêmes ; tu voulais nous dicter notre avenir, tout choisir pour nous… Malheureusement, je suis aussi dure que toi et je ne me suis pas laissé faire. Cela, tu ne l’as pas accepté. Tu as préféré me renier.

Sache néanmoins que malgré tout cela, tu es et resteras mon père à jamais. Malgré ces longues années d’absence, je t’aime !"

Je ne peux que saluer le courage de cette jeune femme qui a dû se battre pour sortir de l'enfer qu'était sa vie dans sa famille.

Je vous invite tous à lire ce livre. Il n'est pas cher, il coûte à peine 10 EUR. Vous pouvez le trouver en librairie ou l'acheter auprès de l'éditeur (http://azimuts.oldiblog.com/). Sachez aussi qu'une séance de dédicace aura lieu le samedi 5 avril, Librairie Cathédrale, Rue Charles Magnette, 13 B à Liège.

IMPORTANT : Ce livre n'est pas une attaque contre les Musulmans ou l'Islam. Nous sommes très loin des propos du film de Geert Wilders. Karima est Musulmane et ne renie pas sa foi. C'est juste l'histoire d'une jeune fille rejetée par sa famille.

Bojour,

Sans débattre du thème du livre, j'ai regretté le coup de pub pour la sortie du livre: l'auteur la joue anonyme au départ . Visage masqué au reportage tv, annonce de menaces de mort mais la voix est reconnaissable et tout le tralala puis tout d'un coup on voit le visage, on découvre la personne, on signe quasi des autographes.

Peut-être aurait-il pu y avoir d'autres façons de faire la pub pour la sortie du livre?

Je ne pense pas que le coup de pub, pour reprendre votre expression, soit du chef de Karima.

Les journalistes ont commencé à en parler dès que des menaces contre l'auteur ont été proférées. On en parle encore plus avec l'action en référé des parents.

S'il n'y avait pas eu de menaces de mort, de messages haineux sur le site de l'éditeur et d'action en justice, je suis persuadé que ce livre aurait été très discret lors de sa publication. Le coup de pub vient justement des personnes qui veulent censurer le livre. Ils ont juste réussi à faire l'inverse de ce qu'ils espéraient obtenir.

Citation :

ce livre aurait été très discret lors de sa publication

croyez vous sincèrement que quelqu'un va écrire un livre, et encore plus un autre l'éditer pour ne pas le vendre ?

le but certes n'est pas forcément mercantile, mais aider d'autres à s'en sortir

Oedipe a écrit:

croyez vous sincèrement que quelqu'un va écrire un livre, et encore plus un autre l'éditer pour ne pas le vendre ?

Bien sur que le but d'un éditeur est de vendre son livre, mais une petite maison d'édition comme Azimuts n'a pas les mêmes moyens que Hachette ou Flammarion pour promouvoir leurs produits.

En général, les petites maisons d'édition comptent beaucoup sur le "bouche à oreille" ou sur les conseils que les libraires peuvent donner aux lecteurs.

Connaissez-vous le livre "L'illusion du Papillon" ? C'est pourtant un autre ouvrage édité par Azimuts ... mais personne n'a menacé l'auteur ni n'a introduit une demande pour que la justice retire ce livre de la vente.

Aujourd'hui, le tribunal des référés, qui a été saisi par les parents de Karima qui voulaient retirer l'ouvrage de la vente, a rendu aujourd'hui son ordonance :

L'action est recevable mais non fondée !

Le livre "Insoumise et dévoilée" reste donc en vente !!!

Une victoire pour la liberté d'expression dans notre pays.

Merci Virgile ... j'attendais des nouvelles avec impatience, en pensant malgré tout qu'il n'y avait aucune raison a priori de la censurer.

Victoire pour la liberté d'expression dans notre pays, oui mais surtout pour tous ceux et toutes celles, qui, qu'elles que soient leur origine, éducation vivent dans ce pays.

J'espère que Karima, que je ne connais pas évidemment personnellement, vit bien tous ces événements.

Karima a assez de courage comme ça - dire la vérité, risquer des explications avec ses parents - et n'avait pas besoin d'un tel obstacle, et d'une telle frustation en plus. Bien sûr, pour les parents c'est dur aussi, c'est ce qu'on leur a appris, c'est comme ça qu'ils ont grandi. Mais il faut quelqu'un pour briser "le mauvais sort", et c'est pour aider, aussi, sa famille a accepter une autre dynamique!

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J'ai lu le livre de Karima. Bien entendu, je n'ai pû le faire qu'avec ma vision d'occidental dont la culture a intégré les droits de l'Homme depuis la révolution française. Ma remarque implique que dès le départ, notre vision des choses ne peut être totalement objective.

La famille de Karima vient d'un pays d'une autre culture, d'autres traditions. Les valeurs de cette culture peuvent ne pas être identiquement les mêmes aux nôtres.

Seulement, quand on vient habiter dans un pays quel qu'il soit, la famille doit faire face à un choc culturel : que ce soit pour la famille de Karima quand elle est venue ici, ou que ce soit moi-même si je devais changer de pays (Maroc, Congo, Vietnam, Japon, ...).

Pour une famille, ce choc culturel implique que ses membres puissent faire des choix et s'imprégner de cette culture du pays hôte. Je pense que c'est inévitable dans la mesure où nous sommes immédiatement plongés dans un milieu culturel dès que l'on quitte sa maison (école, travail, ...). Il ne faut donc pas s'étonner à ce que des filles ou des fils puissent faire leur propre choix de vie. C'est normal, en venant habiter dans un autre pays, on est confronté à des différences entre sa culture d'origine et la culture hôte, et donc nous devons choisir.

Dans le cas de l'histoire de Karima, il est difficile pour nous, occidentaux, de comprendre l'attitude de la famille. Si on transpose l'histoire racontée dans le livre, cette attitude est totalement inacceptable à nos yeux. Les parents sont les méchants du bouquin. Point !

Pourtant, Karima tente de relativiser les choses. Elle dit toujours aimer sa famille et regretter seulement la dureté du père et le fait qu'il ne lui a jamais manifesté un sentiment d'amour qu'un père doit avoir pour sa fille. Il y a donc dans ce livre aussi un choc culturel entre la famille et les lecteurs, et Karima se trouve un peu entre les deux chaises.

Je pense que la seule chose que l'on puisse déplorer dans cette histoire, c'est que la famille n'a pas compris qu'en venant en Belgique, ce choc culturel était inévitable et qu'il était dès lors probable que des idées plus libérales (pas dans le sens politique, hein !) propres à notre société puissent faire leur chemin auprès des enfants. Juger plus en avant serait très hasardeux étant donné que notre vision des choses est faussée dès le départ et je pense que nous ne devons pas le faire.

Karima a choisi son chemin. Elle s'est battue pour le suivre et a réussi. Elle a voulu partager son histoire avec nous et nous demande de ne pas accabler sa famille qui, on l'aura compris, est imprégnée d'une culture étrangère à la nôtre et agissait en conséquence.

Vu que son livre n'est pas interdit de la vente suite à l'arrêt rendu par le tribunal, ne va t'-elle pas subir des pressions encore plus fortes de la part de sa famille et de cette religion, c'est toute la problèmatique que l'on doit se poser ! Il est temps qu'elle soit bien protégée pour ne pas subir l'impensable.

Sur le fond du problème, des Karima (entendez des musulmanes de 2e génération qui laissent tomber le voile et qui s'émancipent) en Belgique il y en a beaucoup. Et des "célèbres" ... Hakima Darhmouch (RTL-TVI), Fadila Laanan (Ministre Bruxelloise), ... Cela ne les empeche pas de garder un fort lien avec l'Islam et les valeurs du monde arabe, tant religieux que culturel. Cela ne les a pas non plus empechées de se battre (et de devoir toujours se battre probablement) contre certaines traditions, souhaits, volontés de leur famille.

Si Karima subira des pressions? Probablement. Je crois qu'elle s'y est très certainement préparée et vu la détermination dont elle fait preuve, il me semble qu'elle ne se laissera pas démonter et qu'elle doit avoir pris un certain nombre de précautions. Un des problèmes de base est la lecture que l'on fait du Coran et le message que l'on trnasmet. Ce constat est aussi valable pour la Bible ou tout autre texte en général. Il y a une part d'interprétation et de subjectivité dans la lecture que l'on peut faire des sourates ou des chapitres. Et cela peut amener certaines dérives, certaines manipulations (parfois meme inconscientes) ... La lecture que Ben Laden fait du Coran n'est pas la meme que celle de Salman Rushdie ou Ahmed Derrous, ... Les intérêts visés non plus ...

Je trouve en tout cas la démarche de Karima très courageuse et très respectueuse et surtout "ouverte". Là où plus d'un aurait définitivement décidé de couper les ponts avec le giron familial, elle laisse une porte ouverte à sa famille ... De là à dire que quelqu'un passera le pas de cette porte, ...

En plus, ça nous aide, nous, à comprendre aussi les problèmes que ça crée dans des familles traditionnelles qui arivent dans une culture qui les déstabilise. Ils tendent alors à être excessivement tournés vers les taditions et opposés au changement. C'est parfois plus la peur de perrdre son identité qu'une aversion pour leur nouveau pays!

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